J’ai été formé dans une école dite de commerce, c’est-à-dire en fait de finance, de management et de marketing, élevé au lait des cours de théorie économique libérale, une école où s’enseignaient et se pratiquaient des valeurs de liberté et de responsabilité. Ces belles valeurs m’ont façonné. Mais peut-on croire la théorie libérale pour laquelle être libéral suffit ? Car alors, où est la responsabilité ?
Nous sommes pris dans une époque qui nous met en demeure de choisir dans une alternative fermée : pour le modèle démocratique et économiquement libéral, ou pour un modèle autoritaire et népotique ? Et l’on voit bien, avec la polarisation entre l’Occident et la Chine (ou la Russie), que nous allons vraisemblablement être enfermés de plus en plus dans cette alternative.
Ah, le mythique « premier dessin » de l’architecte ! Incarnation d’attitudes et de stratégies pour solutionner une problématique complexe, prendre une décision, faire adhérer des parties prenantes à un projet… C’est l’objet de cette petite série d’articles. Nous n’épuiserons pas le mystère des premiers moments de la création… Mais ces dessins inspirants nous guideront pour éclairer certains comportements humains et le management : d’une équipe, d’une entreprise, d’un projet !
Je suis très heureux de démarrer l’aventure « Organisations authentiquement fiables » avec Mathieu Maurice et Alain Bloch : une offre de conseil dédiée à la fiabilité et à la résilience des organisations et des projets… Une vision holistique du risk-management.
Notre ambition est d’aider les responsables de tous niveaux à animer les actions de risk-management dans leurs organisations, à travers plusieurs propositions : une offre de conseil ; une offre d’évaluation & de diagnostic ; enfin, une offre de formation & de coaching.
« Organisations authentiquement fiables » résume bien notre approche : entreprendre, c’est A LA FOIS explorer des terres inconnues et fiabiliser une trajectoire. Négocier l’incertitude est tout simplement au cœur de l’entrepreneuriat ! Une autre vision du management du risque, dans la lignée des organisations hautement fiables (High Reliability Organizations).
Nous sommes une équipe passionnée de professionnels du conseil, entrepreneurs, professeurs et dirigeants qui n’avons qu’une ambition : œuvrer au service d’organisations durablement performantes, résilientes et authentiquement fiables.
Nous pouvons intervenir directement ou au sein de groupements de consultants. Nous sommes habitués à constituer et à mandater des groupements de consultants « 360° » incluant les diagnostics métiers/techniques.
C’est une histoire bien connue que celle du chat de Schrödinger. Souvenez-vous : il s’agit de mettre un chat dans deux états incompatibles et pourtant simultanés. En l’occurrence : mort et vivant.
« WANTED ! Chat de Schrödinger. Mort et vif » (blague de scientifiques).
Dans l’histoire scientifique, il s’agit d’une expérience de pensée, que Wikipédia résume comme suit : « un chat est enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l’animal dès qu’il détecte la désintégration d’un atome d’un corps radioactif […].La mécanique quantique indique que, tant que l’observation n’est pas faite (ou plus précisément qu’il n’y a pas eu de réduction du paquet d’onde), l’atome est simultanément dans deux états : intact et désintégré.
Or le mécanisme imaginé par Erwin Schrödinger lie l’état du chat (mort ou vivant) à l’état des particules radioactives, de sorte que le chat serait simultanément dans deux états (l’état mort et l’état vivant), jusqu’à ce que l’ouverture de la boîte (l’observation) déclenche le choix entre les deux états. »
J’ai toujours été amusé par l’accumulation de dispositifs imaginée par Schrödinger : la désintégration d’un atome détectée par un compteur de radioactivité relié à un interrupteur provoquant la chute d’un marteau cassant une fiole de poison libérant un gaz mortel tuant le chat enfermé dans une boîte.
Le colonel Moutarde avec son pauvre chandelier dans la petite bibliothèque à l’étage (ou même dans une mystérieuse chambre jaune) est largement battu. Cluédo quantique, sans doute.
Cette mise en scène ne sert qu’à dédramatiser une profonde question. La fonction d’onde fournit les probabilités de trouver le chat quantique dans tel ou tel état. Mathématiquement, elle permet des états superposés. Sont-ils réellement superposés, autrement dit ce chat est-il réellement mort et vivant, ou bien y-a-t-il une autre explication ?
Ubiquité réelle ? Ou limite de la connaissance ?
Or, je compare le chat de Schrödinger à la dette publique.
La voilà (la dette, pas le chat) qui devrait bondir de 15 % en France en 2020, et gageons que c’est sous-estimé. Et que ce n’est qu’un début. Est-elle une dette quantique ? C’est la question très spéculative qui me préoccupe aujourd’hui, entre deux visio…
Oui, indiquent les spécialistes : elle est là mais elle n’est pas là. Comment ? C’est simple : comme chaque année on peut ré-emprunter le montant nécessaire pour rembourser ce que l’on doit, on ne paye que les intérêts. Et tant que ceux-ci sont très bas (disons, à zéro, pour la beauté du raisonnement), on peut continuer ainsi sans dommage, indéfiniment.
La martingale est tellement parfaite que l’on aurait tort d’en rester là. Donc, rajoutons chaque année une louche. D’un côté, cet argent est distribué : il est là. De l’autre côté, le trou de la dette se creuse en lui-même, sans incidence sur la vie réelle : il n’est pas vraiment là.
Admettons que les taux ne remontent jamais, et que continuent à parader les économistes de la dette perpétuelle. Il y a quand même quelque chose qui cloche, mais quoi ?
Et je crois que j’ai trouvé : il faut quelqu’un pour prêter cet argent aux États, et le prêter à taux zéro.
Il existe ainsi une masse d’épargne considérable dans le monde, soustraite de la vie économique et employée à financer sans rendement ou presque, le puits sans fond des dettes publiques.
Soit 80 mille milliards de $ (le total des déficits publics mondiaux) de vraie bonne épargne volatilisée, qui n’ira directement dans aucun autre investissement productif. Presqu’un an de PIB mondial.
Au moins est-ce que ces dettes publiques financent des investissements d’avenir ? C’est véritablement la question cruciale. Abordée par exemple dans mon article sur les priorités de la relance post-covid. Or, un peu partout, et depuis longtemps, la dette publique finance surtout… le déficit courant.
Remarquez que cette année 2020, selon le FMI, pendant que la dette publique mondiale passerait en pourcentage de 83,3% à 96,4% du produit intérieur brut planétaire, ce dernier connaîtrait une contraction historique de -3%. Les courbes se croiseraient-elles ?
Cette dette publique est telle qu’elle ne sera jamais remboursée. Le jour où on l’annulera, se manifestera pour de bon la disparition de son double en épargne.
La dette publique n’est donc pas quantique. Elle ne connait qu’un seul état : elle existe. Elle produit des effets sur le monde réel. L’ubiquité n’était pas parfaite.
Conclusion (tirée de l’auteur anglais Terry Pratchett, cité également par Wikipédia) :
Dans cette situation le chat est soit : a) Mort, b) Vivant, ou c) Vachement en colère.
Souvenez-vous : les grèves du mois de décembre 2019 nous avaient déjà bloqués à la maison. Elles m’avaient alors fourni le prétexte d’observer mon chat et de déceler en lui certaines réalités de nos comportements managériaux. Mais un confinement en appelant un autre… Le chat de la maison est toujours bien là, et il a encore des choses à nous dire, aujourd’hui, me semble-t-il…
Avez-vous remarqué comme les questions se reformulent à grande vitesse, ces temps-ci ? Une question qui paraissait pertinente, quelques jours plus tard est déjà dépassée. Alors, vous imaginez ce qu’il en est des réponses !
Une question qui m’agite, comme beaucoup d’autres, est de savoir s’il y aura un « après » différent, ou si, dés que possible, nous enclencherons le retour à la normale. Or cet état initial n’avait déjà plus rien de « normal » : sur-consommer, sur-produire, sur-jeter, sur-polluer, sur-concentrer les richesses, sur-peupler la planète…
Quel est le sens de rétablir à marche forcée un état tellement déséquilibré qu’il ne pouvait déjà pas perdurer ? … Et qu’il le pourra encore moins du fait même du coût des moyens nécessaires au rétablissement ? Quelle serait la pérennité de cela ? Je voyais dans un article précédent le risque que ces fameux « plans de relance », si on les mène sans discernement, se cantonnent à un double emprunt au futur : reprise voire accélération d’un modèle qui creuse le déficit des ressources naturelles pour les générations à venir, réalisé par le truchement d’un crédit faramineux qui devra être remboursé.
Ce n’est pas l’objet ici d’interroger le raisonnement de ceux qui ne voient pas débat dans l’explosion des dettes publiques. Mon chat n’y comprendrait goutte… Il me suffit de constater que ceux qui s’y résolvent, soit croient à la répétition d’une situation toute récente (refinancement perpétuel des dettes publiques à coût très faible) et cela sans dommage, soit simplement ne voient pas de choix moins mauvais. Aucun des deux ne me rassure.
Bref, cette problématique de « l’après » est déjà en train de se reformuler. Il me semble bien, en effet, que la crise sanitaire a plus de chances de se prolonger et même de s’installer, que de s’évanouir aussi vite qu’elle était apparue. Parce que les contraintes du confinement actuel se lèveront graduellement. Parce qu’il y a un vrai risque (ou chance) que les citoyens ne se ruent pas, comme on nous le répète (méthode Coué ou suggestion publicitaire), dans une sur-consommation compensatoire – mais qu’au contraire ils modifient leurs comportements (certains par sagesse écologique, d’autres par crainte de la contagion). Parce que le virus connaîtra plusieurs vagues. Parce qu’il y aura de nouveaux virus, comme les remakes d’une mauvaise série TV. Alors, ce ne sera plus une crise : il faudra vivre.
C’est là que mon chat entre en scène. Vous me direz qu’il aura pris son temps. Oui, car c’est un animal discret. Et de plus, en bon chat qu’il est, il détesterait être prévisible.
Or, justement, mon chat (être libertaire s’il en est) adore son confinement domestique. En ce moment, son couple de maîtres (dénomination parfaitement unilatérale, comme vous le savez) est là à demeure. Loin de s’en trouver oppressé, il n’y voit que des avantages. Brossage régulier, caresses disponibles à la demande, compagnonnage silencieux sur la terrasse ensoleillée, et surtout, parce qu’un maître confiné passe sa journée à grignoter, rab en tout genre et croquettes à gogo. Sans compter ce délicieux sentiment d’être admiré au moindre de ses gestes. Et, quand il a besoin de calme, il n’a aucun mal à faire respecter son isolement : car tel est son pouvoir sur nous.
Mon chat interroge directement chez moi cette alternative sensible : qu’est-ce qu’être confiné et qu’est-ce que se sentir libre ? D’où nous vient ce besoin de sur-consommer, sur-produire, sur-jeter, sur-polluer, sur-concentrer, surpeupler ?… N’est-ce pas un terrible confinement mental ? En ai-je besoin ? Est-ce là mon bien-être ?
Le chat : je trouve que tu es souvent à la maison, ces temps-ci.
Moi : oui. Cela t’ennuie ?
Le chat (regardant le bout de ses pattes) : oh, cela m’est égal. Mais, tu as l’air plutôt pas mal dans ta peau, je trouve.
Moi (surpris) : ah bon ?
Le chat : oui, bon la peau des humains est horriblement serrée, je trouve. Je ne crois pas que vous puissiez vous lécher le dos. Enfin, comment dites-vous ? Ah oui, « confinés ». Ça veut bien dire « enfermé », n’est-ce-pas ? Je te trouve plutôt moins « confiné » que d’habitude en ce moment. Tu as l’esprit plus libre… Et pourtant tu travailles autant, non ?
Je me mis à réfléchir (oui, mon chat me fatigue les neurones, et souvent). Ce qui a changé ? Il faudrait en faire la liste… C’est vrai que pour l’instant, j’ai toujours autant de travail. Que je « vidéo-conférence » beaucoup (tiens d’ailleurs, voilà une technologie utile – y en a-t-il d’autres plus accessoires ?)
Et si c’était… que je consomme moins ? Que je perds moins de temps en envies fugitives, en déplacements les yeux fermés… Ainsi qu’en confrontations stériles ?
Le chat n’a qu’un seul défaut à mes yeux : il tue pour le plaisir de petits animaux qui ne lui ont rien fait. Quand sa sagesse marque trop de points sur moi, je lui faire remarquer ce petit vice.
Moi : tu peux faire le philosophe, mais toi aussi tu fais des choses horribles pour le plaisir. Tu vois ce que je veux dire.
Le chat : mais je n’en fais pas une hécatombe, moi ! (C’est là sa réponse habituelle). En plus, quand il est joli, pas trop abîmé, au lieu de le manger, je te le donne…
Il a regardé avec des yeux de fou une branche s’agiter derrière la fenêtre, s’est calmé, puis a tourné son regard à nouveau vers moi.
Le chat : vous êtes bien étranges. Pourquoi préférez-vous gripper votre économie plutôt que de supporter quelques millièmes de pourcentage de mortalité supplémentaire ?
Moi (satisfait de faire le professeur) : c’est statistique. Vois-tu, le taux de létalité se situant entre 1 et 3%, à défaut de traitement ou de vaccin cela ferait à terme, si 80% de la population mondiale était infectée, entre 50 et 150 millions de morts. La réalité dépendrait des vitesses relatives de la contagion et des avancées médicales. Il faut être joueur pour ne pas confiner, quand même. Or, ajoutai-je, un décideur se moque relativement d’une grande catastrophe qu’on ne peut lui imputer. Peut-être, s’il est opportuniste, peut-il y voir un intérêt pour sa carrière. Mais une calamité, même toute petite (ce qui n’est pas le cas ici), qu’on pourrait rattacher à une décision de sa part, c’est son cauchemar.
Le chat (faussement naïf) : mais, à mesure que les hommes s’élèvent dans la hiérarchie, n’est-il pas vrai qu’ils prennent des décisions de plus en plus stratégiques ?
Moi : cela est exact.
Le chat : dès lors, n’est-il pas vrai qu’il sera d’autant plus difficile de faire un constat objectif, surtout à court terme, que telle ou telle décision était mauvaise ? Et le décideur ne trouvera-t-il pas d’autant plus des coupables pour une mauvaise mise en œuvre que sa stratégie était fumeuse ? Et enfin, n’aura-t-il pas eu le temps mille fois de s’envoler vers d’autres postes, tout fanfaron, car plus la stratégie est à long terme et plus la preuve de son échec arrive tard ?
Je réfléchis à ce point. Le matou était dans le vrai, mais cela ne marchait pas dans notre cas.
Moi : il y a un autre aspect des choses. C’est que pour un politique, la seule chose mortelle est l’inaction. Et, avançai-je, on lui reprochera moins une mauvaise décision (et cela pourra se discuter davantage, il dira que c’est un procès politicien, que lui au moins il a tenu la barre, etc.) qu’une non-décision. Alors qu’en entreprise… Certes, on y rencontre également des agités, qui sont de bien mauvais managers. Mais on y trouve aussi beaucoup de managers immobilistes. Ils prônent l’idée que ce qui a toujours marché jusque-là marchera encore. Dans un certain type d’entreprise, ceux-là font figure de sages, voire de remparts.
Le chat (surpris) : tiens, moi qui croyais que les entreprises étaient un sommet d’adaptation et d’agilité.
Ce chat est d’une naïveté, pensai-je en moi-même.
Le chat : ça, c’était pour la statistique. Mais bien sûr l’autre aspect de la question est le plus intéressant : quel genre de morts préférez-vous ?
Moi : quoi ?
Le chat (pervers) : mais oui… De nombreuses autres choses provoquent des millions de morts. Les accidents de la route, la pollution, le tabagisme, la grippe saisonnière, les cancers, la pauvreté… Mais ces morts-là ne sont pas intolérables au point que vous provoquiez un arrêt généralisé de l’économie. Il y a pourtant des chances qu’une bonne part de ces morts-là aurait justement pu être évitée par une diminution de l’activité. Comment mon maître (je sentais venir l’ironie) explique-t-il que, pour contenir les morts du covid, les gouvernements des hommes préfèrent confiner et mettre à l’arrêt leurs pays entiers ?
Quel genre de morts préférons-nous ? La question ne me prenait pas au dépourvu, même si je n’aimais guère la réponse.
Moi : peut-être le virus nous apparaît-il comme une agression contre laquelle il faut se battre. Au contraire d’autres morts qui nous semblent être une fatalité avec laquelle il faut vivre…
Le chat (susurrant) : intéressant… Continues…
Moi : mais… C’est la représentation que l’on se fait de l’ennemi, voilà tout… Que veux-tu que je te dise de plus ?
Le chat : ceci, mon bon maître. Vous les humains préférez croire qu’il existe encore un petit bout de nature à soumettre. En l’espèce les vilains virus. C’est ce que vous avez toujours fait… Plutôt que de remettre en question les conséquences désastreuses de l’action de l’homme sur la nature et sur lui-même.
Moi : que sous-entends-tu, vilaine bête ?
Le chat : moi, rien… Je me dis (ajouta-t-il pourtant) que les mutations qui permettent aux virus animaux de se développer chez l’homme sont sélectionnées justement parce que c’est là qu’il y a de la biomasse, désormais. Puisque vous avez tué toutes les autres bêtes, et que vous proliférez.
Non sans une certaine férocité, il ajouta : « Darwin ! »
Un soubresaut le secoua et il se rua pour mordiller une puce imaginaire sur sa patte d’un blanc immaculé. Puis, tout en feignant regarder ailleurs, il conclut sa démonstration – tout comme Cyrano, à la fin de l’envoi, touchait.
Le chat : ce n’est pas que vous vous vouliez éviter des morts. Tss-tss… C’est que vous préférez les morts qui ne remettent pas en cause vos certitudes.
Moi, je crois que mon chat n’a raison qu’en partie. Certes, nous sommes notre principal ennemi. Mais je veux croire que nous avons gardé notre capacité de nous adapter.
Les appels à idées, appels à projets et autres appels à manifestation d’intérêt (AMI) sont largement utilisés, depuis quelques années, par les collectivités. Comme toujours dans ce domaine de la relation public-privé, il s’agit de tenter de raccorder l’hémisphère privé et l’hémisphère public de notre cerveau.
Le principe de l’AMI et similaires est intéressant, qui s’inscrit plus largement dans le renouvellement de la « boîte à outils » de la collectivité publique… mais il faut savoir s’en servir judicieusement.
Je suis retombé récemment sur cet article que j’avais écrit dans le journal Les Echos, à l’époque de Réinventer.Paris, en 2016. Il me semble toujours d’actualité… Le voici donc à nouveau :
Je suis retombé récemment sur cet article que j’avais écrit dans le journal Les Echos, à l’époque de Réinventer.Paris, en 2016. Il me semble toujours d’actualité… Le voici donc à nouveau :
Et pour compléter le propos, cet excellent édito de Jean-Marc Peyrical, dans la revue Contrats Publics, qui m’a justement donné l’idée de remettre ce post à jour :
5 décembre 2019. Grâces soient rendues aux intrépides grévistes campés dans le froid pour défendre d’antiques privilèges, me voici bien au chaud à la maison entre mon chat et mes livres. Avec une furieuse envie de ne pas travailler. Certes, je pourrais faire ma gestion… Mais si, plutôt, j’observais mon chat ?
Il y a quelques mois, Mathieu Maurice et moi avons signé un livre sérieux et amusant à la fois sur la décision en entreprise : « la décision fertile ». En apparence, prendre l’exemple du chat pour illustrer un ouvrage sur la décision est une provocation, et c’est pourtant tellement éclairant…
Le chat dit-on est asocial.
C’est-à-dire qu’il ne connait pas les règles de la société. Pas de chef de
meute chez les chats. Cela ne l’empêche nullement d’être sociable, ni n’en fait
un révolté. Simplement, il ne connaît aucune autorité et ignore ce qu’est un
ordre. Il ne ferait pas un bon
collaborateur.
Le chat semble hésitant. Il peut avec insistance réclamer l’ouverture d’une porte, puis délibérer devant le passage enfin libre pour finalement se résoudre à tourner les talons. On pourrait croire qu’il a un problème de décision. Il ne ferait pas un bon patron.
En réalité, je viens presqu’à mon
insu de reproduire une représentation classique de la décision : une
décision rationnelle, prise par une autorité, suivie d’une bonne « mise en
œuvre »… principes dont, justement, notre livre décrit certaines limites.
Le matou montrerait-il le
chemin (involontairement, puisqu’il n’entend guider personne nulle part) ?
Puisqu’aucune parole ne revêt pour lui le caractère d’une injonction, ce qui selon moi était une ferme instruction n’est pour mon chat qu’une simple proposition. Il l’évalue donc soigneusement, pour voir si elle peut tourner à son avantage ou non.
Et si, m’étant finalement résolu
à préparer mes déclarations de TVA, je cède à sa sollicitation pressante pour
m’écarter un peu de la table et lui offrir mes genoux, il se met à ré-évaluer
les alternatives disponibles avant de se décider. 7 fois sur 10 il sautera sur
mes genoux (et j’aurai bien du mal à venir à bout de mes problèmes de TVA).
Mais 3 fois sur 10, il considérera que le radiateur à proximité est tout de
même moins haut, et tout aussi chaud (nous avons des radiateurs bas recouverts
d’une pierre accumulatrice).
Mon chat ré-évalue les couples opportunités-risques, et n’exclut jamais
de changer d’avis.
Venons-en à notre livre (écrit,
en ce qui me concerne, davantage dans les cafés parisiens ou en vacances qu’à
la maison, pour les raisons décrites plus haut).
Si vous pensez que la décision est seulement rationnelle, vous
risquez de peser indéfiniment le pour et le contre, sans parvenir à trouver un
élément probant pour arbitrer. Pour sortir de cette impasse, parfois
douloureuse, il faut se poser la question du chat : qu’est-ce qui « tournera à son avantage ». C’est-à-dire,
projeter sa décision dans le futur et se demander si les conditions sont
réunies (ou si l’on sera en situation et en capacité d’agréger les conditions
favorables) pour que cette décision exprime son potentiel et se révèle bonne.
Autrement dit, ce qui fait le
potentiel d’une décision c’est sa capacité à inter-agir avec un contexte :
avec vos clients, avec votre entreprise, vos collègues et collaborateurs, voire
vos concurrents, etc. Ces personnes peuvent-elles en devenir les acteurs,
en sorte que c’est votre scénario qui
prévaudra et qui ainsi se révèlera, a-posteriori, être la bonne
décision ?
Si, à l’inverse, vous pensez que la décision est seulement volontariste,
vous risquez de suivre une voie autoritaire, fondée sur des intuitions personnelles
ou votre volonté de pouvoir. Bien entendu, vous attendrez des autres qu’ils
appliquent, donc vous vous priverez de leur capacité d’adaptation au terrain et
d’innovation, et, toujours logiquement, vous exclurez toute remise en cause.
Autrement dit, vous risquez de
régner sur un monde univoque, où l’information ne circule plus (la parole
n’étant pas libre) et dont le sens de l’action s’échappe peu à peu. Puisque la
décision est devenue pour vous essentiellement un champ de pouvoir, vous n’autorisez
plus la question du chat : « ré-évaluer
les couples opportunités-risques ».
Il me semble donc que mon chat, quoique l’on pense de son immense paresse, a découvert trois idées utiles : la bonne décision est un projet qui repose sur une évaluation de la capacité que l’on a de faire tourner un contexte à son avantage. Dans le livre, nous appelons cela « polariser ». Elle est aussi une évaluation continue de couples de risques-opportunités, et donc elle ne se termine jamais (en tout cas, surtout pas au moment où elle est prise). Dans le livre, nous appelons cela « piloter le pari ». Enfin, sa capacité de devenir générative pour d’autres est déterminante dans le succès d’une décision. Dans le livre, nous appelons cela « polliniser ».
Le dirigeant est un navigateur, car sa démarche consiste en grande partie à produire un scénario créateur de valeur et fédérateur pour l’équipage. Puis à assurer la cohérence et la constance du cap, ainsi qu’à rectifier en permanence sa trajectoire pour parer les risques et tirer parti des opportunités qui ne cessent d’apparaître.
Le nouveau centre d’entrainement de l’OM, baptisé OM campus, a été inauguré le 14 octobre 2018. Il complète le dispositif de la Commanderie par un nouveau site en centre-ville de Marseille, et comporte une réserve pour une 2ème tranche destinée à accueillir un centre de formation avec internat. Valeurs Ajoutées a assisté l’OM dans ce projet mené dans des délais record.
Avec près de 600 répondants dont 1/3 de publics, ce premier baromètre de la relation public-privé est riche d’enseignements. Ce que nous disent les acteurs, en 3 points forts.
Notre livre, « La décision fertile », co-écrit avec Mathieu Maurice, vient de paraître aux éditions Hermann !
En 2013, le président de Nokia terminait son annonce du rachat par Microsoft par ces mots frappants : « Nous n’avons pas fait d’erreurs. Et pourtant, d’une certaine manière, nous avons échoué ».
Conciliateur dans plusieurs litiges et notamment relatifs à des infrastructures réalisées en PPP ou en concession, j’ai été amené à réfléchir un peu sur les conditions de succès à long terme de ces missions.
Certaines situations induisent parfois un cumul impressionnant des procédures nécessaires avant de pouvoir lancer une construction.
La complexité résulte alors de l’articulation de ces différentes procédures entre elles, telles que : déclaration d’utilité publique, mise en compatibilité du PLU, demande spéciale d’autorisation du ministre chargé des sites, expropriation, désaffectation-déclassement du domaine public, chemin rural, PC unique en co-titularité valant division, et autres enquêtes publiques… Les choses se corsent encore lorsqu’il faut les mêler avec les procédures de la maîtrise d’ouvrage publique.
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution de mon livre « La nouvelle relation Public-Privé ». Sous-titré « pour une co-production de l’investissement public », ce livre est publié aux éditions Eyrolles. Apprendre à déléguer, pour les uns, apprendre à servir, pour les autres, afin de dépasser la culture du conflit et ses gâchis !..
Master 2 du CNAM Paris. Le master accueille des salariés en exercice, en période de professionnalisation ; des candidats en contrats de professionnalisation ; des étudiants titulaires d’un M1 ou équivalent. Ouverture en Septembre 2017.
Le « BIM », ce sujet tellement à la mode… A l’évidence, on se jette sur cet OVNI avec un espoir de renouvellement à la démesure de l’immobilisme de l’acte de construire. Mais qu’est-ce-qui va changer vraiment ?
L’apparition de la maquette numérique dans le BTP est l’exemple d’une évolution technologique dont les implications ont le potentiel de polariser de puissantes créations de valeur… ou au contraire de décaler les entreprises, si elles n’acceptent pas certaines remises en cause les concernant.
D’avril à juillet 2016, Valeurs Ajoutées a piloté pour le compte de Spie Batignolles Nord, mandataire d’un groupement, une offre immobilière multi-produits sur une site sensible et remarquable : un îlot face à la mer et bordé par un canal sur la commune balnéaire de Malo-les-Bains, faisant partie de l’agglomération dunkerquoise.
La mission de Valeurs Ajoutées devait se limiter initialement à la coordination d’une offre dont le programme, le concept architectural et les acteurs étaient déjà largement arrêtés, et à la formalisation d’accords dont les principes avaient été échangés, avec comme principale difficulté le délai du concours.
En réalité, au cours du dialogue compétitif, il allait s’avérer nécessaire de refondre profondément le projet et de faire évoluer en douceur l’équipe de conception, de maintenir la motivation et la cohérence du groupement dans un contexte devenu incertain, tandis que le montage administratif ainsi que les accords financiers et contractuels allaient révéler une certaine complexité.
Une des choses qui m’interpelle et qui m’intéresse est la question de la décision.
D’une part, j’ai vu certaines entreprises choisir des managers non décideurs et non organisateurs (évidemment l’organisation d’une structure est une des décisions les plus importantes et les plus difficiles), et les préférer à d’autres a-priori plus efficaces.
Un projet d’Executive Education destiné à former des cadres des secteurs public et privé, ensemble
J’ai le plaisir de vous informer de la mise en ligne d’un questionnaire élaboré conjointement par Centrale Supelec et Valeurs Ajoutées, dans l’objectif de préciser un projet d’Executive Education qui nous passionne.
L’Etablissement Public d’Aménagement (EPA) Euratlantique est l’aménageur d’une vaste opération urbaine autour de la gare Saint-Jean à l’occasion de l’arrivée du TGV en 2017. Celle-ci prévoit la création de nouveaux quartiers de ville mixtes visant 2 millions de m² à un horizon d’une quinzaine d’années. Comment mutualiser les flux et services et réduire les nuisances ?
La ville de Paris a suscité un grand mouvement d’intérêt parmi les acteurs traditionnels et moins traditionnels de l’immobilier grâce à l’appel à projets « Réinventer.paris ».
Le groupement « Valeurs Ajoutées », que j’ai eu le plaisir de constituer et de piloter, a proposé un projet innovant et fiable de reconnexion de la ville en couverture du périphérique, entre la porte Maillot et la porte des Ternes.
Le projet explore la capacité paradoxale du boulevard périphérique à générer une opération d’urbanisme et de paysage renouant les quartiers, des dispositifs environnementaux innovants tirant parti des contraintes mêmes du site, et des services utiles aux habitants futurs et aux riverains actuels.
« Valeurs Ajoutées », avec ses pluriels, ou encore l’expression « Créateur de Valeurs Ajoutées », sont des jeux de mots. L’idée générale est que le talent, c’est celui des autres… Mais qu’il ne suffit pas d’engager des talents. Il faut aussi savoir les mettre en résonnance.
L’expérience permet d’affirmer que, s’il est difficile de savoir si
Voici quelques réflexions, issues d’expériences vécues, pour cerner cette notion parfois angoissante, surtout lorsqu’elle combine l’incantation avec une forme d’injonction.
« Soyez innovants ! » Quelle tarte à la crème…. « Oui, chef ! »
Une citation connue : « Innover, c’est arrêter d’avoir de vieilles idées. »
Autrement dit, il est passionnant de prendre conscience du caractère stéréotypé et sous-adapté